Il y a un demi-millénaire, après une augmentation de soulèvements locaux, la guerre des paysans a eu lieu en Allemagne, pendant qu’ à Zurich, les Anabaptistes ont provoqué des troubles supplémentaires dans une atmosphère déjà tendue. Le fait que la guerre des paysans et l’anabaptisme soient liés l’un à l’autre a longtemps été effrayant pour de nombreux Mennonites. Cependant, la Réforme n’était pas seulement un nouveau départ religieux et ecclésiastique, elle était liée à l’agitation générale contre l’oppression et la misère, dont les paysans impitoyablement exploités souffraient, mais pas seulement.
Les 12 articles de Memmingen que les paysans proposaient aux seigneurs en 1525 sont considérés comme des précurseurs des droits humains. La photo titre montre les articles 3 et 4.
Le fait qu’une guerre de paysans pauvres contre un appareil féodal extrêmement puissant ne puisse pas être gagnée n’est pas surprenant aujourd’hui. Mais la question se pose de savoir qui a déclaré la guerre à qui ? Un soulèvement n’est pas une guerre et celle-ci ne peut pas être gagnée avec des fourches. Quoi qu’il en soit, d’un point de vue actuel, il semble que les paysans qui ont été rattrapés par la guerre et ceux qui ont rejoint le mouvement anabaptiste en aient tiré leurs leçons. L’Évangile est venu à leur secours, ils y ont trouvé l’explication de la raison pour laquelle la violence ne peut pas fonctionner pour le bien commun. C’est du moins ce que nous pouvons imaginer.
Si aujourd’hui, il y a un air de changement, des actions massives de démolition sont en cours en parallèle. Il semble parfois que ces dernières soient plus fortes : les acquis sociaux et politiques sont massivement attaqués et démantelés, la démocratie est menacée, des centaines de milliers de personnes sont tuées dans des guerres insensées, le droit international est bafoué et les droits de l’homme ne sont pas respectés. La gratin politique, qui a fait ses adieux au pape François cette semaine à Rome, ignore en grande partie ses paroles d’avertissement et son amour universel de l’être humain et de la nature. Quelle bande d’hypocrites, on a envie de crier !
Mais nous pouvons et nous devons participer à la re-conception du monde. Nous ne le faisons qu’en utilisant les instruments que les milliardaires-techniciens mettent gracieusement à notre disposition en arnaquant nos données personnelles. Comme les seigneurs féodaux arnaquaient à l’époque la récolte des paysans.
Les nombreuses occasions diverses à l’occasion des 500 ans de la guerre des paysans et du mouvement anabaptiste nous offrent l’occasion de nous rendre compte que nous ne devons pas tous être des tolérants passifs. Nous avons en main plus que nous ne le pensons d’emblée. Si les paysans et les anabaptistes à l’époque, ainsi que d’autres insurgés contre le servage, les abus, l’économie de mensonges et la violence, ont apporté des changements il y a 500 ans, avant que la plupart ne sachent lire et écrire, avant qu’il n’y ait des possibilités de communication et de transport ou des structures démocratiques comme nous en avons aujourd’hui, alors nous pouvons déclencher des changements réels et durables aujourd’hui, où nous disposons non seulement des moyens techniques, structurels et financiers, mais aussi des connaissances et de l’expérience en matière de conflit et de violence. C’est ce que nous défendons ici et que cela se fasse de manière non-violente.
Les autres contributions récentes sur ce site offrent beaucoup de matière à inspirer et à approfondir, notamment l’excellente lettre ouverte d’Alain Refalo aux Soulèvements de la Terre en France.
D’ailleurs: à celles et ceux qui lisent l’anglais et s’intéressent d’entendre des voix en-dehors des médias mainstream, nous recommandons Lisa Schirch et Ron Kraybill sur LinkedIn ou Substack. Lisa enseigne Peace Studies à Norte Dame, IN, et Ron est un pionnier dans le domaine du conflit et du peacebuilding, qu’il travaille depuis plus de 30 ans.
Des informations sur les événements sont disponibles dans de nombreux endroits, notamment sur le site Anabaptism500.
A ne pas oublier: Conférence avec Carolyn Yoder « Changement climatique – traumatisme – résilience » le 30 mai au Centre de Formation Bienenberg. Inscription d’ici au 26 mai sur cette page.