Une vie riche et bien remplie, entièrement consacrée au service des autres
Le 11 août 2021, François A. de Vargas est décédé à Lausanne dans sa 83ème année. Après des études à la Faculté de théologie de l’Église libre à Lausanne, il passe quelques années en Afrique. De retour en Suisse, il s’engage dans le combat pour le développement, les droits de l’homme, la résolution des conflits, le dialogue interculturel et interreligieux et déjà l’écologie inspiré par l’Évangile et Albert Camus.
De 1970 à 1977 il a été le secrétaire de la Déclaration de Berne (ONG) travaillant sur les relations Suisse-Tiers-monde. L’ONG se nomme maintenant « Public Eye ». Il a été le co-fondateur de l’Observatoire suisse du droit d’asile et des étrangers et réintégration au lieu d’exil. Il a également effectué différentes missions d’observateur dans les Balkans. Sous la houlette de Jean-Jacques Gautier, le fondateur de l’Association pour la prévention de la torture (APT) il est devenu le directeur du comité suisse contre la torture et aussi le secrétaire général de l’APT. François de Vargas a consacré sa vie, son intelligence, ses forces et sa capacité pour la protection des personnes privées de liberté, contre la torture et les peines ou traitements inhumains et dégradants. Il s’est engagé que le Conseil de l’Europe adopte la Convention européenne contre la torture, ratifiée en 1987. Il a pris la plume pour déplorer les tortures de Guantanamo.
Dans un article de 2014, Le christianisme et la non-violence il écrit : « Il a fallu attendre longtemps pour que certains essaient de réfléchir à une éthique fondée sur la non-violence telle que les Mennonites, les Quäkers, puis l’International Fellowship of Reconciliation (IFOR) » la proclament. Il cite aussi des personnalités comme : Lanza del Vasto, Mahatma Gandhi, Jean et Hildegard Goss, André Trocmé, Martin Luther King, le Dalai-lama et d’autres.
La présidente de l’APT Madame Martine Brunschwig Graf écrit dans son hommage à François de Vargas : » Plaideur infatigable, courtois mais sans fioritures, il a toujours su que le domaine dans lequel il s’était engagé était de ceux dans lesquels le combat n’était jamais terminé. Il a toujours défendu le droit de chacun et chacune au respect et à la dignité. Sachons, que la lumière qu’il porte en lui ne s’éteint pas».
Après une vie bien remplie, entièrement consacrée au service des autres, François A. de Vargas se livre à un exercice difficile qui suscite l’étonnement, la critique mais aussi l’admiration. Dans un petit livre de 80 pages écrit en 2013, intitulé : Chrétien quand même, il s’interroge sur sa fidélité à la foi qui lui a été transmise. «Au terme de cette réflexion, dit-il, j’ai envie de demander aux chrétiens qui m’auront lu s’ils peuvent encore me considérer comme un des leurs». Avec lucidité, courage et sincérité, François A. de Vargas énumère qu’il ne peut plus confesser certaines affirmations de foi, réciter le symbole de Nicée, avec son langage si loin de notre époque. Qu’il ne peut plus croire à certains dogmes. Il ne veut pas être un chrétien à l’apparence. Je veux suivre la personne et l’enseignement de Jésus et, en particulier les paroles du sermon sur la montagne et ce qu’il nous révèle du pardon. «Être fidèle à l’Évangile, c’est amener les hommes, les femmes, les enfants à ce combat pour la justice, la paix, la sauvegarde de la création et la réconciliation».
Pour moi, il n’y a pas de doute que François de Vargas était un disciple du Christ. Mon souhait est que nous soyons nombreux dans nos communautés, engagés à l’exemple de François de Vargas pour les plus défavorisés et vulnérables.
Daniel Geiser-Oppliger