Délit de solidarité?

par Samuel Cacciabue

Très bonne nouvelle ! : De très nombreux actes de solidarités sont organisés dans toute l’Europe pour venir en aide aux réfugiés. De partout des personnes se mobilisent, et travaillent pour donner des repas, des conseils, de la chaleur. Nombreux sont ceux qui ouvrent leurs maisons, partagent ce qu’ils peuvent, donnent de leur temps et parfois prennent des risques. Les églises sont souvent très présentes et elles le sont en particulier au travers l’engagement très concret de personnes qui vivent leur foi au travers de cet engagement. Je souligne qu’avant tout c’est bien de l’engagement et du travail de personnes dont il s’agit bien plus que celle d’institutions qui elle, en fin de compte, n’ont de mérite que de faire leur boulot (et encore, pour celle qui prennent vraiment leurs responsabilités).

Alors hommage aux bénévoles qui sillonnent la nuit les rues de Como pour inviter les réfugies qui se cachent dehors à rejoindre l’église du père Giusto où les attendent un repas et un lieu pour dormir au chaud. Hommage aux milliers de personnes venu de toute part par solidarité pour rendre moins absurde et moins violent l’immense bidon-ville de Calais démantelé il y a quelques mois. Hommages aux habitants de la Roya qui viennent en aide aux réfugiés quittant Vintimille par la montagne pour continuer leur périple en France. Como, Calais, Vintimille… Dans ces lieux où les frontières se ferment et les états radicalisent la répression, les individus prennent le devant de la solidarité, pendant que les institutions s’emmêlent souvent dans les jeux et enjeux politiques.

Plus inquiétant !… : Ces personnes qui se retrouvent „au front“ deviennent aussi la cible de la répression. Prenons l’exemple de La Roya :

Bien moins ample que les fameux bidons-villes de Calais et pas si proche que les campements de Como, les réfugiés bloqués à la frontière franco-italienne, à Vintimille, refont parler d’eux. Plus exactement, ce sont des personnes qui leur viennent en aide dont on parle. Pour atteindre des villes françaises et en particuliers leurs gares qui devrait les amener plus loin, de nombreux migrants tentent la route des montagnes surplombant Vintimille. Ils sont souvent recueillis par des habitants des premiers villages français après une nuit de marche le long de la voie de chemin de fer. Ces personnes qui les accueillent sont paysans, retraités, professeurs, etc. des gens comme tout le monde qui sont venus assez naturellement en aide à ses réfugiés échoués dans leurs collines : un repas, un peu de réconfort et un lieu au sec et au chaud pour dormir. Jusqu’au moment où la bonne info et les bonnes adresses se sont divulguées : un paysan a accueilli jusqu’à 50 personnes dans son jardin dont plusieurs mineurs. Un collectif c’est organisé pour faire face à cette situation, un centre de vacances désaffecté a été „réquisitionné“, des navettes vers la gare la plus proche ce sont multipliées… et la police est intervenue : plusieurs jugement sont en cours dont une peine de 18 mois de prison avec sursit requise pour le paysan aux premières lignes de ce mouvement de solidarité (au sens propre comme au sens figuré : sa maison est la première du village  sur le chemin des clandestins). Un professeur a lui aussi était jugé mais heureusement acquitté (quand même!) : Il avait accompagné à la gare de Nice 3 femmes malades pour qu’elles aillent se faire soigner à Marseille. D’autres procès sont en cours…

Le « délit de solidarité » est dangereusement d’actualité.

Très bonne nouvelle à nouveau ! Après toutes les actions menées, les réflexions partagées, les infos reçues, nous sommes prêts à rester droits, debout, présents, engagés : même pas peur !

Ce commentaire fait référence aux articles suivants, à consulter en ligne:

Le Temps: Face aux migrants, justice blessée

Forum Civique: Migrations : De Vintimille à La Roya

Le Monde: Aide aux migrants : 4 nouvelles interpellations de militants

La Croix: L’aide aux migrants constitue-t-elle un délit?

Le Monde: Immigration : ou en est le délit de solidarité?