Aujourd’hui 5 avril, le Conseil Suisse pour la paix publie ce communiqué :
La Suisse soutient directement la dictature en Érythrée
Par son évaluation de l’accueil provisoire des quelque 3200 réfugiés érythréens, la Suisse fait dans le symbolisme au frais des plus faibles de notre société. Car il est évident qu’une suspension de l’accueil provisoire ne fait qu’augmenter la précarité des personnes concernées qui perdent ainsi leur chance de s’intégrer et de se rendre utile chez nous. En plus, cela les soumet davantage aux caprices du régime érythréen. Prétendre qu’à partir d’un certain âge, les réfugiés érythréens pouvaient simplement payer un impôt et signer une déclaration de regret afin de pouvoir rentrer sans danger dans leur pays est une minimisation irresponsable. La déclaration de regret est un cheque en blanc pour un régime arbitraire qui ne connait pas de scrupules dans l’oppression de son peuple. Ce n’est pas pour rien qu’il refuse à la Croix Rouge Internationale l’accès aux prisons. Plus problématique encore est l’impôt de 2% que l’Erythrée impose à ses citoyens en diaspora par toute sorte de combines. Il y a eu des controverses en Suisse à ce sujet entre 2012 et 2016, jusqu’à ce que le ministère public de la Confédération décide de boucler le dossier faute de preuves d’activité illégale de la représentation érythréenne. Cependant, c’était quelque peu précipité car en juin 2016 le parlement néerlandais avait décidé une enquête sur l’impôt des 2%. Cette enquête était confiée à l’université de Tilburg et qui en a publié les résultats en juin 2017. Sept pays étaient inclus dans l’enquête: Belgique, Allemagne, Italie, Pays Bas, Norvège, Suède et Angleterre. L’enquête constate qu’il existent de grandes différences dans la manière de récolter cet impôt mais qu’il est clairement contraire au droit international. Il n’y a pas de raison de penser que cela ne vaut pas pour la Suisse. Par l’annulation de l’accueil provisoire des Erythréens, le Secrétariat d’Etat aux Migrations (SEM) contraint ces réfugiés à payer cet impôt illégal, et il soutient en même temps le régime tyrannique d’Afewerkis. Il est aussi problématique que le Tribunal administratif fédéral ait légitimé la procédure du SEM par un jugement douteux. Le Conseil Suisse pour la paix demande au Tribunal administratif fédéral de corriger ce jugement et il demande le SEM d’arrêter l’évaluation de l’accueil provisoire.
L’enquête de l’université Tilburg a paru en anglais: «The 2% Tax for Eritreans in the diaspora. Facts, figures an experiences in seven European countries». Le lien vers la version pdf du document ainsi que d’autres informations concernant l’Erythrée se trouvent sur le site du Conseil Suisse pour la paix.
Zürich, 5 avril 2018