Le cauchemar de la pandémie, c’est ce que nous espérons actuellement, appartiendra bientôt au passé. Une fois la majorité de la population vaccinée, le danger d’un collapse de notre système de santé sera écarté – du moins s’il n’y a pas de nouvelle variante plus contagieuse, plus virulente et plus mortelle. (Un regard vers l’Inde et le Brésil n’est pas très rassurant.)
La question qui se pose à nous est alors celle de l’après-cauchemar. Comment allons-nous trouver une nouvelle réalité? Comment sera-t-elle? Qu’aurons-nous appris?
David Graeber, anthropologue décédé en automne 2020 à l’âge de 51 ans, a écrit un essai peu de temps avant sa mort précoce. Le paragraphe suivant est tiré de son essai qui a été publié par le magazine Jacobin (USA):
Graeber dit qu’avant la pandémie, nous étions dans une sorte de rêve qui ne correspond ni ne rend justice à la réalité de notre humanité (et de notre environnement). Il suggère qu’après la pandémie, nous devrions nous concentrer sur la réalité de notre humanité et l’interdépendance qu’elle implique. Il s’agirait alors de respecter le travail de soins qui est déjà fait et réellement nécessaire, indispensable et bénéfique au bien commun. Aussi faudrait-il le rémunérer en conséquence.
La profondeur et la portée de cette approche font apparaitre les discussions sur le masque et le confinement comme du badinage. Nous, Européens de l’Ouest, avions pris l’habitude de nous croire invulnérables et en sécurité – en plus de nous croire le nombril du monde. Aujourd’hui, nous prenons conscience de cette illusion et nous sommes profondément insécurisés. Un nouvel éveil authentique pourrait bien en résulter, une attention à ce qui compte vraiment. Et aux actes qui s’en suivent.